LES ORIGINES DE LA COOPERATION
Alors que la prospérité du vignoble champenois perdure dans un contexte de crise viticole sans précédent, on a peine à imaginer qu’il y a moins d’un siècle, les vignerons survivaient grâce aux pommes de terres plantées entre leurs rangs de vignes et aux quelques volailles de leur basse cour…
A cette époque, le négoce se charge quasi exclusivement de la vente de vins de Champagne. Simples producteurs de raisin, les vignerons n’ont aucun moyen de transformer et de conserver leur récolte. Dans ces conditions, la fixation du prix reste bien sûr unilatérale. Peu à peu, germe l’idée de la coopération, seul moyen pour le vigneron de stocker, de transformer, voire de vendre sa récolte. Cette vision n’aboutira qu’après la guerre de 1914-1918 mais deviendra très rapidement une réalité : 30 coopératives verront le jour à partir de 1920 et se réuniront en 1939 au sein de la Fédération des Caves Coopératives Vinicoles de la Champagne.
Le mouvement s’accélère après la seconde guerre mondiale. La Champagne dénombre 58 coopératives en 1950. En 1956, 99 structures maîtrisent la collecte du raisin, équilibrant les forces du vignoble et celles du négoce. Mais leur rôle n’est pas seulement économique car la coopération aide au maintien du tissu social en milieu rural. Dans les villages, on parle désormais de l’église, de la mairie et de la coopérative. La très influente Champagne Viticole peut alors écrire : « Il est incontestable que la coopération viticole en Champagne a terminé sa crise infantile et qu’elle est appelée à devenir dans quelques années, l’armature économique du vignoble ». L’ensemble des coopératives représente alors 40% du vignoble champenois, une force désormais incontournable.